Acquisitions 2022
Acquisitions 2022
Acquisitions 2022
Meuble-miroir disposé au milieu d'une salle d'exposition
Olu Ogunnaike, "You are Here", 2021. Dans l'exposition Miettes (nov. 2021-mars 2022), Capc Musée d'art contemporain. Photo Arthur Péquin
Nicolas Milhé (né en 1976 à Bordeaux)
"Faites ce que vous voulez", 2021

Ensemble dissociable de 3 peintures sur miroir
Miroir, crépi, peinture vinylique
160 x 110 cm

 

VitrinesNicolas Milhé, "Faites ce que vous voulez", 2021. Photo Frédéric Deval


Les trois peintures de l’ensemble Faites ce que vous voulez ont été acquises en 2021 à la suite du projet Tout doit disparaitre. Nicolas Milhé s’intéresse ici à la polysémie des signes et interroge subtilement les manifestations récentes de notre histoire sociale. Usant du détournement, de l’anachronisme et de l’assemblage d’éléments hétérogènes (crépi sur miroir et peinture sur crépi), l’artiste explore les qualités spéculatives et métaphoriques du miroir et assume ouvertement le caractère militant de certaines de ses œuvres. En l’occurrence, le jaune renvoie à la couleur de ralliement des contestations sociales récentes (Mouvement des Gilets jaunes) et le titre Faites ce que vous voulez est une injonction à se départir des règles et du cadre.

 

 

Olu Ogunnaike (né en 1986 à Londres)
"Out for lunch", 2021

Impressions en sérigraphie à partir de poussière de pin du Capc sur acier inoxydable poli. 90 x 70 cm
Production dans le cadre de l’exposition monographique Miettes consacrée à l’artiste au Capc en 2021
2 sérigraphies acquises par les Amis du CAPC et offertes en don + 1 don de l’artiste

 

MiroirOlu Ogunnaike, "Out for lunch", 2021. Photo Arthur Péquin


Out for lunch est un ensemble de sérigraphies dissociables dévoilant l’histoire de l’Entrepôt et les interactions sociales provoquées par l’artiste quelques jours avant l’ouverture de son exposition.  L’équipe avait alors partagé un repas autour d’une longue table/sculpture. Ces trois sérigraphies figurent des instants capturés lors de cet évènement. Les impressions sur acier sont réalisées à partir de poussière de bois récoltées par ponçage des poutres du Capc dont l’excès a été soufflé ou balayé pour révéler l’image. L’artiste convoque ainsi la mémoire historique du bâtiment et met en évidence les liens qui unissent Joseph Lainé aux Entrepôts Lainé (1824) qui furent construits pour stocker des denrées coloniales et l’actuel Capc Musée d’art contemporain. L’histoire retient aussi que Joseph Lainé fut aussi celui qui réprima la première révolte d’esclaves pour l’indépendance en Haïti et qui impulsa le reboisement des Landes.

 

 

"You are Here", 2021

Œuvre en trois dimensions
Pin français, ébène noir du Gabon, fraké, padouk, acajou, wengé, zebrano, acier inoxydable poli
Production dans le cadre de l’exposition monographique consacrée à l’artiste au Capc musée d’art contemporain de Bordeaux en 2021

 

Cave à vinOlu Ogunnaike, "You are Here", 2021. Photo Arthur Péquin

 

Proche de la rigueur conceptuelle et formelle des artistes de la fin des années 60, Olu Ogunnaike développe une sculpture « réparatrice » d’apparence minimaliste qui prend la forme d’un imposant parallélépipède rectangle. Inspirée dans sa forme par le motif de la grille mais plus prosaïquement par celle des casiers à vin (servant traditionnellement à stocker les bouteilles), sa composition résulte de l’assemblage de plusieurs essences de bois exotiques provenant d’anciennes colonies européennes. La structure qui encadre ce motif est quant à elle, en pin issu de forêts européennes. Le corps central de la sculpture associe le padouk, l’ébène, le fraké, l’acajou, le wengé ou encore le zebrano, des bois originaires d’Afrique centrale et occidentale, connus pour leurs caractéristiques techniques de résistance, d’imputrescibilité et l’étendue de leur gamme chromatique. Ces essences mélangées délibérément relève d’une tentative de l’artiste de rendre visible les liens entre l’histoire viticole bordelaise et l’histoire coloniale mais aussi comment l’économie viticole s’est peu à peu substituée à la traite négrière.

 

 

Ugo Schiavi, Thomas Teurlai (né en 1988 et 1987)
"Loots", 2011-2022

Œuvre collaborative
Installation comprenant un ensemble de 16 éléments constitués de prélèvements de graffitis roulés sur des tubes de coffrage et présentés dans des structures métalliques avec un éclairage LED

 

Etalage de rouleaux de peinturesUgo Schiavi, Thomas Teurlai, "Loots",  2011-2022.

 

Loots est une installation / sculpture constituée principalement de la dépose d’épaisses couches de peintures, graffitis et tags réalisés par plusieurs graffeurs sur plusieurs années. Ces productions picturales qui peuvent associées d’autres techniques sont produites à la marge des lieux culturels institutionnels. Décollées du mur, sans support, elles constituent une sorte de stratigraphie picturale témoignant d’une culture de l’interdit (article 322-1 du code pénal, Graffiti et Tag sont considérés comme un acte de vandalisme) mais aussi une forme d’archéologie d’une histoire urbaine que Thomas Teurlai et Ugo Schiavi « vandalisent» à leur tour comme ils ont pu le préciser dès l’origine du projet : « Ironie du geste, nous devenons les vandales des vandales.  Loots emprunte son titre à une phrase taguée en 2005 sur de nombreuses façades et panneaux de la Nouvelle Orléans après le passage de l’ouragan Katrina : « Looters will be shot », « les pillards seront tués », message qui s’adressait aux cambrioleurs après que la police alors débordée ait autorisé les habitants de la Nouvelle Orléans à établir leur propre loi. Thomas Teurlai et Ugo Schiavi, jouent avec humour sur les grands principes liés à la conservation des peintures souvent roulées pour être préservées.

 

 

Harilay Rabenjamina (né en 1992)
"Le Nez de ma mère", 2022
Vidéo HD, 16’36’’

 

vue d'une installation
 

"Djadja", 2022
Tirage numérique sur papier Fine Art 120x90 cm

 

PortraitHarilay Rabenjamina, "Djadja", 2021.

 

Les deux œuvres d’Harilay Rabenjamina ont été acquises par un particulier lors de la première édition du salon BAD+ (acronyme du nouveau salon Bordeaux + art + design contemporains) qui s’est tenu en juillet 2022 au Hangar 14 à Bordeaux.

La pratique d’Harilay Rabenjamina est inclassable. Il interroge sous diverses formes ce qui pourrait caractériser notre identité et nos apparences. Les deux œuvres Le nez de ma mère et Djadja forment un ensemble dissociable. Le Nez de ma mère est une œuvre vidéo HD mais aussi le titre de la première exposition personnelle de l'artiste en 2021 à Goswell Road (Paris). Djadja est un portrait de femme, frontal, regard tourné vers l’objectif dont le titre Djadja fait écho à l’expression popularisée par la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura qui qualifie ainsi un menteur. Harilay Rabenjamina a photographié sa sœur peu de temps après sa rhinoplastie. Son visage s’affranchit d’une histoire et alimente une fiction personnelle, celle d’une quête de ressemblance susceptible de dissiper la difficulté d’apparaître. Dans la vidéo Le nez de ma mère, l’artiste filme sa mère dans le quartier qui l’a vu grandir à Pessac, en proche banlieue bordelaise. L’urbanisme et l’architecture des années 70 constitue l’arrière-scène d’un récit qui prend la forme d’un entretien entre l’artiste et un interlocuteur anonyme. Construit sur la modification d’apparence du nez de la sœur de l’artiste et la réaction de sa mère, la vidéo invite à questionner l’individuel face à l’épreuve du collectif, la notion d’héritage, de communauté et plus ouvertement la différence et la ressemblance.

 

 

Ash Love (est né en 1996)
"#88a3f0 (papillon bleu)" de la série message send failure (the connection was interrupted), 2021
Peinture

 

Peinture sur fond sombre avec un papillon et des symbolesAsh Love, "#88a3f0 (papillon bleu)", 2022.

 

L’œuvre d’Ash Love a été acquise grâce à un crowfunding lors de la première édition du salon BAD+ (acronyme du nouveau salon Bordeaux + art + design contemporains) qui s’est tenu en juillet 2022 au Hangar 14 à Bordeaux.

#88a3f0 (papillon bleu) de la série message send failure (the connection was interrupted) appartient à une série de peintures composées chacune de trois éléments dessinés, écrits, ou peints. Il s’agit de peinture dont le tracé énigmatique oscille entre le rébus, le texto et l’émoji. L’espace physique et matériel de la peinture fait écho à l’espace immatériel de l’écran de veille d’un téléphone sur lequel les éléments prennent forme, impulse un mouvement entre surface et interface. Le code composé de lettres et de chiffres qui détermine le titre de l’œuvre fait référence au système hexadécimal de nomination des couleurs sur le web. Ainsi,  #88a3f0 se réfère au codage informatique des couleurs et caractérise le bleu intense des ailes du papillon.

 

 

Gregory Kalliche
"Buncha Hells", 2019-2020
Installation vidéo comprenant du son et de la lumière

 

Ecran vidéoGregory Kalliche, "Buncha Hells", 2019-2020. Photo Arthur Péquin

 

Buncha Hells est une installation site specific qui résulte d’une recherche sur l’histoire, les symboles et les effets de l'électricité. L’artiste a élaboré un dispositif qui met en avant une expérience sensorielle dans laquelle des indices sonores, lumineux et des images d’animation 3D fusionnent avec l’espace réel. En s’inspirant des découvertes des propriétés physiques de l’électricité, Gregory Kalliche crée un environnement immersif au sein duquel une animation 3 D redonne vie aux expériences de Nicolas Tesla (l’œuf de Colomb et la découverte du champ magnétique tournant) ou de Luigi Galvani (la contraction musculaire d’une cuisse de grenouille sous l’influence d’une décharge électrique statique). L’artiste étend son dispositif à l'espace d'exposition en synchronisant ses images à la lumière, vampirisant ainsi le système électrique. Sensible au concept de plasmaticité théorisé par Sergueï Eisenstein, non seulement il manipule des formes et opère des transformations mais surtout il est un créateur de mondes jouant de la porosité entre fiction et réalité.

 

 

Mathis Collins (né en 1986)
"Bicorne (stand de tir)", 2020
Peinture sur 3 panneaux de tilleul et moteur. 200 x 360 x 6 cm

 

Tableau représenatant 9 chapeaux sombre à bicornes
Mathis Collins, "Bicorne (stand de tir)", 2020. Photo Arthur Péquin

 

Bicorne (stand de tir) se présente sous la forme de trois panneaux de bois de tilleul sur lesquels l’artiste a sculpté en creux puis teint neuf bicornes animés par la rotation de neuf cocardes tricolores. Né rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris, Mathis Collins rappelle souvent que ce quartier de Paris était celui des ébénistes. La disparition de ces artisans et des populations ouvrières de ce quartier l’incite à s’interroger sur les savoirs faire artisanaux et sur sa responsabilité en tant qu’artiste à participer à la vie publique. Il choisira de développer des ateliers collectifs et des manifestations publiques autour de pratiques artisanales populaires. De ces moments collectifs naissent des créations qui contribuent à renouveler les arts populaires. L’artiste évoque régulièrement le conflit qui au XVIIe siècle opposa la Comédie Française et le théâtre populaire influencé par la Commedia dell’arte. Conflit qui conduisit le pouvoir monarchique à prendre parti en faveur de l’académisme et à exercer une censure virulente dans l’espace public entrainant une hiérarchisation entre culture intellectuelle dite d’élite et culture vernaculaire. C’est cette dernière qui nourrit l’iconographie de Mathis Collins. Les 9 couvre-chefs à cocardes de Bicorne (stand de tir) sont inspirés des chapeaux des Trois brigands de Tomi Ungerer, un album jeunesse écrit et illustré en 1961 et connu pour son éloge de la subversion. C’est ce même défi de l’ordre établi que tourne en dérision Mathis Collins dans cette œuvre en transformant les cocardes tricolores en cibles mouvantes.

 

 

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