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L'histoire de l'Entrepôt Lainé
L'histoire de l'Entrepôt Lainé
L'histoire de l'Entrepôt Lainé
Vue de l'intérieur de l'Entrepôt Lainé
Photo Iso. Archives du Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux
L'Entrepôt Lainé
Un magasin pour le commerce colonial

L’Entrepôt réel des denrées coloniales de Bordeaux (Entrepôt Lainé) est construit en 1824 à la limite du quartier des Chartrons. Il était destiné au stockage sous douane des marchandises en provenance des colonies, avant leur expédition à travers l'Europe.

Avant la Révolution, le quartier des Chartrons est prospère. Les riches armateurs qui y siègent ont fait leur fortune dans le négoce et l’armement maritime. Certains ont monté des opérations de traite négrière très lucratives qui alimentaient les îles en main-d’œuvre. Les Bordelais retiraient des bénéfices considérables du commerce avec les Antilles, une des plus anciennes colonies françaises, et en particulier leur perle, Saint-Domingue. Le port bordelais importe le sucre, le café, le cacao, l’indigo, cultivés et récoltés à bon compte dans les habitations des îles par des esclaves enlevés à l’Afrique. Bordeaux sucrait l’Europe et réexportait ses denrées.

Aux alentours de 1815, alors que la Révolution et la Révolte de Saint-Domingue (1791) ont considérablement affaibli le négoce avec les Antilles, la construction d’un nouvel entrepôt participe au vaste programme de réaménagement urbain du 19e siècle soutenu par de riches négociants bordelais pour relancer la vie économique de Bordeaux.

La destruction au début du 19e siècle du Château-Trompette (emplacement de l’actuelle esplanade des Quinconces) qui séparait ce quartier du centre-ville offre un espace libre. Les Douanes et la Chambre de Commerce y décident alors la construction d’un entrepôt réel placé sous leur responsabilité, pour assurer un contrôle plus efficace sur la transaction des marchandises.
La tâche est confiée à l’architecte et ingénieur des Ponts et Chaussées Claude Deschamps (1765-1843), qui vient de s’illustrer brillamment par la construction du Pont de Pierre livré en 1820. Joseph Louis Joachim Lainé, parlementaire, ministre d’État de Louis XVIII, aide au lancement du chantier.

Sa construction est achevée en deux ans de travaux.

Élevé sur trois niveaux, à partir d’un plan basilical, le bâtiment s’inspire de l’architecture des marchés couverts orientaux ou caravansérails. De facture à la fois austère et élégante, la structure interne, organisée autour d’une double nef centrale, articule une succession de piliers et d’arcs en plein cintre, répartie avec une grande rigueur géométrique. Dans une logique de sobriété, chère à Claude Deschamps, l’architecte ne convoque que trois matériaux : la pierre de Bourg, friable et caractéristique par sa couleur jaune, la briquette d’argile et du bois de récupération, le pin d’Oregon.

Dès 1824, L'Entrepôt réel des denrées coloniales (Entrepôt Lainé) permet d'accueillir et de stocker sous douane les marchandises (le sucre, le café, le cacao, le coton, les épices, les plantes tinctoriales, les oléagineux) produites dans les colonies et réexportées vers l’Europe du Nord par les négociants bordelais. Jusqu'à l'abolition de l'esclavage en 1848, ces denrées sont en partie le fruit du travail des esclaves.

Au cours du XXe siècle, l’Entrepôt sera peu à peu supplanté par les nouvelles installations portuaires en bord de Garonne. Dans les années 1960, il est définitivement fermé et menacé de destruction.

 


 

La sauvegarde d’un patrimoine

Menacé de démolition, l’édifice fait l’objet d’une campagne de sensibilisation menée en particulier par deux bordelaises, Anne Claverie et Nicole Schÿler. Elles reçoivent l’appui du Maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas. Grâce à leur action, le bâtiment est acquis par la ville de Bordeaux et l’Entrepôt sera inscrit en 1973 à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques et acheté par la Ville.

Dans les années 70, la ville de Bordeaux met l’Entrepôt au cœur de ses projets culturels et le destine à l’accueil d’événements artistiques. En quelques années, le lieu va peu à peu devenir le point de convergence des nouvelles formes d’expression et des manifestations culturelles innovantes, en rupture avec le traditionalisme culturel bordelais. Chaque mois de novembre, il accueille alors le Festival d'avant-garde Sigma, à l’époque le grand rendez-vous international de la création expérimentale qui s’y déroulera de 1975 à 1989. Créé en 1965 par Roger Lafosse, ce festival se fera l’écho, pendant 30 ans, des évolutions de la culture et du spectacle vivant. Le Capc s’installe définitivement dans une partie du bâtiment en 1974 et en 1980 arrive arc en rêve, lieu pilote de réflexion dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme et du design.

 

La réhabilitation et le création d’un équipement culturel contemporain

La première campagne de travaux menée par les architectes Denis Valode et Jean Pistre répond à un programme de sauvegarde de l’Entrepôt pour mettre en œuvre sa vocation culturelle. Elle le dote de scènes mobiles, de galeries d’exposition, d’ateliers pour enfants. En 1984, au moment où le Capc devient le Musée d’art contemporain de Bordeaux, débute une deuxième campagne, menée par la même équipe en deux phases. Les travaux concernent principalement le Capc et son équipement muséal, galeries, ateliers, réserves d’œuvres. Elle permettent aussi d’ouvrir une bibliothèque et un restaurant dont les aménagements intérieurs sont confiés à la designer Andrée Putman. La seconde phase de cette dernière campagne s’est terminée en 1990.

 

1990 Le musée d’art contemporain

Avec la réhabilitation totale du bâtiment, le Capc musée d’art contemporain s’est déployé dans la totalité de l’Entrepôt, en compagnie du centre d’architecture  arc en rêve. Le Festival Sigma n’ayant plus lieu dans l’entrepôt, le Capc devient le seul et unique occupant de la nef. Les réaménagements sont conséquents et le Capc rayonne maintenant de toute sa splendeur. L’ensemble des escaliers, des coursives et des terrasses sont disponibles à la déambulation du public. La nef a retrouvé sa pureté originelle, sans les précédents équipements scéniques, de nouvelles galeries ont été aménagées et un auditorium équipé a été créé.

La réouverture a eu lieu en 1990 avec Threats of Hells, le projet monumental de Richard Serra dans la nef du musée et la grande exposition Collection avec les installations de sept artistes majeurs de la collection. Ce choix restreint et sélectif si surprenant soit il autour de Christian Boltanski, Daniel Buren, Gilbert & George, Jannis Kounellis, Sol Lewitt, Richard Long et Mario Merz  répond à une volonté de ne célébrer à cette occasion que des personnalités artistiques emblématiques qui ont forgé de manière significative l’histoire du Capc.

 

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