Jean-Luc Blanc, Opéra rock
05.03.09 - 14.06.09
Jean-Luc Blanc, Opéra rock
05.03.09 - 14.06.09
Jean-Luc Blanc, Opéra rock
05.03.09 - 14.06.09
Vue de l'exposition Jean-Luc Blanc, "Opéra rock", Capc Musée d'art contemporain de Bordeaux, (05.03 - 14.06.2009).
Du
05.03.09
au
14.06.09

Commissaire : Alexis Vaillant

Jean-Luc Blanc sélectionne des images imprimées issues de films, de cartes postales, de photos de presse, de revues, etc. qu'il compile et organise de façon très disparate. Ces images (réunies partiellement pour la première fois dans l'exposition) occupent une place centrale dans son processus créatif. Selon un mécanisme immuable, ses œuvres y trouvent leur origine. À un moment donné, presque à l'improviste, une image émerge, s'impose à l'artiste qui, en en isolant un motif, se la réapproprie. Extrait de son contexte, le motif isolé est alors travaillé sur papier ou toile, au crayon ou à l'huile. Il est recadré, le plus souvent en plan rapproché, et subit divers traitements qui vont du texturage croûteux au lissage cosmético- publicitaire. Ce protocole donne aux œuvres de l'artiste un caractère ambigu, énigmatique ; il arrive que le motif retraité et vampirisé mette mal à l'aise. Si les dessins et peintures de Jean-Luc Blanc semblent constituer une compilation du déjà-là, en réalité, ils s'en dégagent. En modifiant sensiblement les images à partir desquelles il travaille, Jean-Luc Blanc leur confère une charge nouvelle. Il leur donne une autre voix, active leur potentiel. Il les recharge. Ainsi, qu'il s'agisse des nombreux visages qui fixent et apostrophent le visiteur, ou des natures mortes habitées qui parsèment cet interzone entre monde des morts et monde des vivants, les œuvres de Jean-Luc Blanc fascinent et repoussent, parce qu'avant tout, elles travaillent l'idée de pétrification.

Le trouble perceptif « atmosphérique » qui en découle est d'autant plus persistant que l'apparente simplicité de ces saynètes quasi cinématographiques et le côté ordinaire des stars, demi-stars et illustres inconnus absorbés ou tenant tête de Blanc, ne permettent pas, d'emblée, de comprendre la longue maturation qui les a vus naître. Pour cette raison notamment, l'exposition a été pensée comme une zone d'acclimatation. Cette zone « ne prétend pas révéler le secret derrière chaque image », pour citer l'artiste, mais davantage explorer l'imaginaire qui les imprègne.

À cette occasion, plus de deux cents œuvres de Jean- Luc Blanc ont été réunies dans les treize salles de la galerie Foy augmentées d'un épilogue, de deux cages d'escalier et d'une cage d'ascenseur. Il a été décidé, entre l'artiste et moi-même, que ses œuvres (dessins et tableaux de 1986 à 2009) soient présentées, combinées à celles d'autres artistes, historiques et contemporains, ainsi qu'à des objets d'art, des antiquités, des bijoux, des cristaux, des curiosités et naturalia (quarante-cinq au final), avec lesquels il se sent en empathie.

Montée dans un esprit d'enquête espiègle et de « flânerie » chère au dandysme de l'artiste, cette rétrospective collective repose sur l'idée que la production d'un artiste peut exister sur le même plan que sa « toile de fond ». Une idée qui, parce qu'elle présuppose que ce qui se joue sur scène (la production de l'artiste proprement dite) et ce qui se trame en coulisses (zones d'influence) est intrinsèquement lié, méritait davantage qu'un texte illustré dans un catalogue.

Les liens conceptuels et visuels qui découlent d'un tel scénario placent d'emblée l'exposition aux antipodes de la chronique nécrologique caractéristique des rétrospectives chronologico-thématiques habituelles où l'accent est mis principalement sur les œuvres les plus représentatives de l'artiste. Ici enfin, l'exposition a été conçue comme un « opéra rock » : espace glam et spectral taillé sur mesure, puis sonorisé par Mr. Learn, un espace où les œuvres affirment leur singularité autant qu'elles se polluent les unes les autres ; un panthéon esthétique sensible plus proche de l'« espace potentiel » que du brainstorming désincarné.

Jean-Luc Blanc est né en 1965 à Nice. Il sort de la Villa Arson à la fin des années 80, participe aux expositions phare françaises du début des années 90 comme French Kiss 2 et Il faut construire l'hacienda, squatte ensuite un atelier en ruines à l'Hôpital Éphémère, vend ses dessins facilement, apparaît la nuit en cuir noir accompagné d'un loup aux yeux injectés d'or, voit plusieurs films par jour, et passe à la télévision à l'heure des insomniaques. Paris est devenu sa ville en 1990.

Texte : Alexis Vaillant

Commissaire : Alexis Vaillant

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